Fitz la rattrapa par le bras pour l’empêcher de tomber.
—
Tout va bien. Je suis là pour t’aider. On te cherche depuis
douze ans !
Douze ans ? Et qui ça, « on » ?
Plus important encore : que lui voulait ce curieux garçon ?
Les murs commencèrent à se refermer sur elle et la pièce à
tourner sur elle-même. De l’air. Il lui fallait de l’air.
Elle se dégagea pour se précipiter en titubant vers la sortie.
Ses jambes flageolantes peinaient à trouver leur rythme.
Elle se retrouva devant l’escalier à l’entrée du musée, qu’elle
dévala en inspirant à grandes goulées. Elle ignora la fumée des
foyers d’incendie qui flottait jusqu’en ville et les cendres blanches
qui lui voletaient dans la figure. Elle voulait fuir, fuir le plus loin
possible de l’intrus.
—
Reviens ! cria Fitz derrière elle.
Une fois la cour traversée, elle se hâta de longer une large
fontaine entourée de gazon et déboula sur le trottoir. Personne ne
se mit en travers de son chemin – peu osaient braver les brumes
épaisses qui s’insinuait partout dans les rues. Mais elle entendait
toujours les pas précipités de Fitz derrière elle : il la rattrapait.
—
Attends ! lança-t-il. Tu n’as rien à craindre.
Sourde à ses explications, elle mit toute son énergie à accélérer
encore. Elle résista à l’envie de jeter un coup d’œil par-dessus son
épaule pour évaluer la distance qui les séparait. Elle se trouvait
déjà au milieu de la rue lorsqu’un crissement de pneus fit bondir
son cœur dans sa poitrine : elle n’avait pas regardé des deux côtés
avant de traverser.
Sophie tourna la tête, et croisa le regard d’un conducteur
terrifié qui freinait de toutes ses forces pour éviter de la renverser.
Elle était sur le point de mourir.