Page 24 - Widdershins

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barbouillé de maquillage. Widdershins se raidit, mais la femme
dormait toujours, quoique d’un sommeil léger. Ses paupières
se contractaient sous les soubresauts d’un rêve, et sa respiration
s’entrecoupait de temps à autre d’un minuscule éclat de voix, qui
s’échappait d’entre ses lèvres sous forme de faible gémissement.
La voleuse dut réprimer un soupir de compassion : le désespoir,
au cœur de ses pires années de famine, l’avait plus d’une fois
conduite à deux doigts d’embrasser elle-même cette profession.
Au moins, elle a accès à une clientèle de première classe.
Maigre
consolation, malgré tout. Widdershins se mordilla l’intérieur de
la joue, puis reprit ses recherches.
Sans grande surprise, c’est sous le lit qu’elle finit par trouver
la récompense de ses efforts : un lourd coffre en acajou, muni du
meilleur cadenas en acier qu’une bourse bien remplie puisse lui
procurer. Et ce n’était pas peu dire, car il lui fallut deux bonnes
minutes pour l’ouvrir. À l’intérieur étincelaient des centaines de
marques d’or, pareilles à des étoiles tout juste capturées… assez
de richesses pour vivre dans le confort plusieurs mois.
Il lui fallait à présent transférer le trésor, ou la plus grande
partie possible, dans son robuste sac noir – de loin le moment le
plus critique de sa virée nocturne.
Heureusement pour elle, et à l’inverse de bon nombre de
ses pairs, Widdershins ne travaillait jamais seule. Olgun l’aver­
tirait si quelqu’un approchait, ou si le baron donnait des signes
d’agitation. De plus, son « sac de pillage », tissé dans une toile
épaisse, étoufferait un peu l’inévitable tintement des pièces.
Toutefois, manipuler le coffre se révéla un processus lent et ardu,
ravageur pour les nerfs. Sa besogne achevée, la cambrioleuse se
retrouva couverte d’un voile de sueur. Le ciel s’était suffisamment
éclairci pour qu’elle distingue les premières lueurs de l’aube par la
fenêtre pourtant orientée à l’ouest. Il était temps pour elle, plus
que temps même, de tirer sa révérence.