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D’accord, marmonna-t-elle. O.K…
Elle l’ouvrit au hasard. Et tomba directement sur la page
du Serment.
Pas la moindre fioriture. Un bloc de texte compact, isolé au
milieu de la page, qui dégageait une aura de gravité. Nita le lut
une première fois dans sa tête, afin de ne pas buter ensuite sur
les mots. Puis elle se lança aussitôt à voix haute, avant d’avoir le
temps de se sentir ridicule.
«
Au nom de la Vie et pour la préserver, récita-t-elle, je
déclare que j’emploierai l’Art à son service exclusif. Je protégerai
le vivant et je soulagerai la douleur. Je lutterai pour défendre ce
qui s’épanouit naturellement. Je ne modifierai nul objet, nul
être, à moins que son existence, ou celle du système dont il fait
partie, ne soit menacée. Dans la pratique de mon Art, à chaque
fois que le besoin s’en fera sentir, j’abandonnerai la peur au profit
du courage, la mort pour la vie, et ce jusqu’à la fin des temps. »
Ses paroles suscitaient un léger écho, comme si la chambre
était plus grande qu’il n’y paraissait. Nita finissait de prononcer
le Serment quand elle prit conscience d’un détail étrange : sans
ses lunettes, tout le reste de la pièce lui paraissait flou, excepté
les lignes qu’elle venait de lire.
Un frisson lui parcourut l’échine. Parfaitement immobile,
elle se demanda à quoi ressemblerait l’épreuve qui l’attendait,
ce qui allait se passer à présent. Seul le souffle du vent à travers
les branchages devant sa fenêtre se faisait entendre. Rien d’autre
ne bougeait. Lorsqu’elle comprit qu’elle n’allait pas être frappée
par la foudre, que rien d’étrange ne se produirait, la tension
commença lentement à refluer en elle. Elle se sentit un peu
bête, et soudain très fatiguée. Les effets des brimades qu’elle
avait subies commençaient à se faire sérieusement sentir.
