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côté commençait à se faire sentir.
Zut ! Je ne tiendrai plus
très longtemps. Je ferais mieux de me planquer en attendant
qu’elles renoncent. Mais où
?
Les potagers faciles à traverser
commençaient à manquer. Plus la moindre cachette en vue,
excepté la maison de Swale le taré, avec son grand jardin, dans
la prochaine impasse. Un endroit que les gamins du quartier
évitaient. À en croire la rumeur, il s’y passait des trucs bizarres.
Swale n’allait pas travailler comme les gens normaux, Nita
elle-même l’avait remarqué.
Il est peut-être même chez lui en ce
moment… qui sait, ça pourrait faire fuir Joanne et sa bande ! Si
seulement je pouvais me glisser derrière sa haie rien que quelques
minutes, le temps qu’elles se lassent… Si je reste tapie contre la
clôture, sans m’approcher du bâtiment, je ne risque rien…
De l’autre côté de la palissade, un claquement de chaînes de
vélo et des crissements de pneus avertirent Nita que Joanne et
sa clique venaient de tourner dans la ruelle voisine.
Trop tard !
Je suis coincée. Je n’ai plus qu’ à rebrousser chemin…
Une fois revenue sur ses pas, elle s’arrêta un instant derrière
la maison voisine pour s’assurer que personne n’était resté en
embuscade dans la rue.
Pas un chat ! La voie est libre. Mais elles
vont vite flairer la supercherie. Il me faut un endroit où me cacher,
et vite !
Nita descendit l’allée et s’engagea dans Rose Avenue…
où la solution à son problème s’offrit à elle sous la forme d’une
bâtisse de brique brune aux fenêtres chaleureusement éclairées.
Un refuge, un havre, un sanctuaire : la petite bibliothèque muni
cipale.
Sauvée ! J’avais oublié qu’elle fermait plus tard le samedi !
La vue de l’édifice donna à Nita un regain d’énergie.
Elle traversa l’impeccable pelouse, gravit les cinq marches du
perron en deux bonds, ouvrit la porte à la volée et la claqua
aussitôt derrière elle.