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Surtout pas après la raclée qu’elle s’était prise la semaine
précédente.
Et moi, bien sûr, je pensais vraiment pouvoir encaisser
sans broncher..
.
Mais les ricanements de la bande l’avaient
piquée au vif. Et d’un seul coup, Nita s’était mise à expliquer
par le menu ce qu’elle pensait non du vélo, mais de Joanne elle-
même. La suite, il fallait s’y attendre…
—
Je ne sais pas ce que ça veut dire, « arrogante », hurla
Joanne en prenant le virage à la tête de sa meute, mais quand
on t’aura rattrapée, Callahan, je chercherai dans ta saleté de
dictionnaire et je te le ferai bouffer !
Nita, qui peinait à reprendre haleine, s’arrêta un instant
dans le jardin voisin pour pousser un petit rire.
Sacrée flèche en
vocabulaire, celle-là !
se dit-elle. Mais difficile pour la fuyarde
de savourer sa blague : échapper à une nouvelle tannée restait
sa priorité numéro un.
Bon… Avec leurs vélos, elles ne peuvent
pas se faufiler partout. Moi si. Mais pour rentrer chez moi, je
dois forcément passer par le trottoir. Elles auront vite fait de me
rattraper. Et alors…
Alors ce serait le cirque habituel à la maison : son père
s’exclamerait bien fort, histoire que tout le monde en profite,
«
Mais enfin, tu aurais pu te défendre ! » Sa petite sœur détail
lerait avec des grognements désapprobateurs sa toute nouvelle
collection de bleus, véritables symboles de sa lâcheté. Et sa
mère – la seule à comprendre ce qui se passait vraiment dans
sa cervelle – soignerait ses blessures en silence, sans cesser de
hocher la tête. Son regard triste ferait plus mal à la jeune fille
que les égratignures ou les ecchymoses, car parfois la simple
empathie était loin, bien loin de suffire…
Nita s’élança à travers la pelouse vers le grillage qui la
clôturait, mais elle peinait à respirer à présent. Un point de