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dressaient de part et d’autre de la chaussée, Sophie balaya du
regard une rue étroite, bordée d’arbres. Ils avaient atterri à un
pâté de maisons de chez elle. Elle renonça à demander à Fitz
comment il connaissait son adresse.
Les yeux levés vers le ciel, il toussa d’un air contrarié.
—
C’est trop d’espérer que les humains parviennent à éteindre
une poignée d’incendies avant que la fumée ne pollue la planète
entière, on dirait !
—
Ils y travaillent, lui assura Sophie, mue par un étrange
besoin de défendre son monde d’adoption. Et puis, ce ne sont
pas des feux ordinaires ! Le pyromane a utilisé on ne sait quel
agent chimique, du coup les flammes sont blanches et la fumée
a un parfum un peu sucré.
D’ordinaire, les incendies estivaux donnaient à la ville une
odeur de barbecue. Mais cette fois, on eût dit de la barbe à papa
fondue – un arôme plutôt agréable d’ailleurs, n’eussent été les
démangeaisons oculaires des habitants et la cendre qui tombait
en pluie du matin au soir.
—
Des pyromanes… marmonna Fitz, songeur, avec une
bonne dose de réprobation dans la voix. Vraiment étrange, ce
besoin de voir le monde brûler !
—
Ça, tu peux le dire… reconnut-elle.
Elle aussi s’était demandé ce qui pouvait pousser quelqu’un
à tout détruire par les flammes. Elle doutait qu’il existe une
réponse valable à cette question.
Fitz tira l’éclaireur argenté de sa poche.
—
Tu t’en vas ? demanda Sophie.
Elle se mordit la lèvre. Pourvu qu’il n’ait pas remarqué le
tremblement dans sa voix !
—
Je dois consulter mon père pour déterminer la voie à
suivre. S’il le sait lui-même, d’ailleurs… Personne ne s’attendait
à ce qu’on te retrouve enfin.