Page 30 - Gardiens des Cités Perdues

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dressaient de part et d’autre de la chaussée, Sophie balaya du
regard une rue étroite, bordée d’arbres. Ils avaient atterri à un
pâté de maisons de chez elle. Elle renonça à demander à Fitz
comment il connaissait son adresse.
Les yeux levés vers le ciel, il toussa d’un air contrarié.
C’est trop d’espérer que les humains parviennent à éteindre
une poignée d’incendies avant que la fumée ne pollue la planète
entière, on dirait !
— 
Ils y travaillent, lui assura Sophie, mue par un étrange
besoin de défendre son monde d’adoption. Et puis, ce ne sont
pas des feux ordinaires ! Le pyromane a utilisé on ne sait quel
agent chimique, du coup les flammes sont blanches et la fumée
a un parfum un peu sucré.
D’ordinaire, les incendies estivaux donnaient à la ville une
odeur de barbecue. Mais cette fois, on eût dit de la barbe à papa
fondue – un arôme plutôt agréable d’ailleurs, n’eussent été les
démangeaisons oculaires des habitants et la cendre qui tombait
en pluie du matin au soir.
Des pyromanes… marmonna Fitz, songeur, avec une
bonne dose de réprobation dans la voix. Vraiment étrange, ce
besoin de voir le monde brûler !
Ça, tu peux le dire… reconnut-elle.
Elle aussi s’était demandé ce qui pouvait pousser quelqu’un
à tout détruire par les flammes. Elle doutait qu’il existe une
réponse valable à cette question.
Fitz tira l’éclaireur argenté de sa poche.
Tu t’en vas ? demanda Sophie.
Elle se mordit la lèvre. Pourvu qu’il n’ait pas remarqué le
tremblement dans sa voix !
— 
Je dois consulter mon père pour déterminer la voie à
suivre. S’il le sait lui-même, d’ailleurs… Personne ne s’attendait
à ce qu’on te retrouve enfin.