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Les façades des maisons leur renvoyèrent l’écho de son
exclamation. Tous deux fouillèrent les ombres de la rue du regard
pour s’assurer qu’ils étaient toujours seuls.
—
Tu es sûre ? chuchota-t-il.
—
Sûre et certaine.
Comment oublier le moment où, après s’être cogné le crâne,
elle s’était réveillée à l’hôpital, le corps relié à toutes sortes de
machines toutes plus inquiétantes les unes que les autres.
Penchés sur elle, ses parents lui criaient des mots qu’elle peinait à
distinguer des autres voix qui lui emplissaient désormais l’esprit.
Elle n’avait eu d’autre solution que de pleurer en se tenant la tête,
sans parvenir à expliquer ce qui lui arrivait à un groupe d’adultes
qui ne comprenaient pas – qui ne pouvaient pas comprendre.
Personne n’avait su dissiper ce vacarme obsédant. Depuis ce jour,
les pensées de ceux qui l’entouraient n’avaient cessé de la hanter.
—
C’est mauvais signe ? murmura-t-elle, nerveuse de voir
l’appréhension altérer les traits de Fitz.
—
Aucune idée.
Il plissa les yeux, comme s’il essayait de voir à l’intérieur de
son crâne.
—
Qu’est-ce que tu fabriques ? s’inquiéta-t-elle.
—
Arrête de me bloquer ! rétorqua-t-il sans répondre à sa
question.
—
Enfin… je ne sais même pas de quoi tu parles !
Elle s’écarta dans l’espoir qu’une distance plus importante
évite à Fitz de surprendre ses idées les plus intimes.
—
Il s’agit d’un moyen d’empêcher un Télépathe de te sonder,
expliqua-t-il. Un peu comme si tu dressais un mur autour de ton
cerveau.
—
Alors c’est pour ça que ton esprit est complètement
silencieux ?
—
Peut-être…Dis-moi à quoi je pense, en ce moment.