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—
Je te l’ai dit : pour moi, tes pensées sont inaccessibles !
Dire que j’entends les autres réfléchir en permanence !
—
Les humains ont un mental moins développé que le nôtre,
tout simplement. Mais je ne te parle pas juste d’entendre. Essaie
de m’écouter.
—
A…Attends. Je n’ai jamais tenté de lire dans un esprit.
—
Fie-toi à ton instinct, tu sauras quoi faire. Concentre-toi,
allez !
Elle détestait qu’on lui donne des ordres…D’autant qu’il ne
répondait à presque aucune de ses questions ! D’un autre côté,
obtempérer était peut-être le seul moyen de dévoiler la vérité – en
particulier la source de l’inquiétude évidente du jeune homme.
Restait encore à découvrir ce qu’il entendait par « écouter ».
Inutile d’ordonner à ses oreilles d’entendre… elles le fai
saient d’elles-mêmes. Écouter, en revanche, comme toute action
consciente, demandait de la concentration. Peut-être en allait-il
de même avec la télépathie ? Un peu comme s’il s’agissait d’un
sens supplémentaire ?
Elle focalisa son attention sur le front de Fitz, à l’affût de
la moindre pensée. Elle se contraignit à imaginer que son moi
s’étirait dans cette direction, telle une ombre mentale. Au bout
d’un instant, la conscience du garçon s’engouffra dans la tête
de Sophie. Cette voix n’était pas aussi nette ni aussi forte que
celle des humains, mais plutôt douce – comme un murmure qui
effleurait son cerveau.
—
Tu n’as jamais rencontré d’esprit aussi silencieux que le
mien ? s’exclama-t-elle.
—
Tu m’as entendu ?
Il avait pâli.
—
C’est bien ce que tu m’as demandé de faire, non ?
—
Mais…Personne n’en est capable, d’habitude ! avoua-t-il.
Il fallut quelques instants à Sophie pour digérer l’information.