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Naoya était toutefois motivé : il arpentait le terrain
de long en large, poursuivait inlassablement la balle, et s’il
l’attrapait, il la passait sur-le-champ. C’était sa façon de
contribuer au travail d’équipe.
Je pourchasse le ballon plus que tout le monde. C’est la seule
chose dont je sois capable. Que les autres conservent leurs forces et
augmentent leurs chances de marquer
,
songeait-il
.
À la mi-temps, la seconde B perdait 30 à 38. Nobuaki
s’était assis sur le banc et avait posé la main sur l’épaule de
Naoya, qui haletait comme s’il venait de courir un marathon.
—
Tu fais beaucoup d’efforts. Même si tu rates ton tir,
personne ne t’en voudra ou ne se mettra en colère, alors essaie
de marquer un panier. Après tout, c’est à force de hasards et de
miracles qu’on est arrivés en finale. Amuse-toi !
—
Ne… ne dis pas n’importe quoi. Je ne suis pas un
faiseur de miracles. Et puis je… je m’amuse déjà beaucoup, lui
répondit son ami.
Le sifflet marquant le début de la seconde mi-temps
retentit.
À trente secondes de la fin du match, Naoya, juste en
dessous du panier, avait réceptionné une passe de Nobuaki. 52
à 53… la seconde B était menée d’un point.
—
Tire, Naoya ! Si tumarques, ça fera toute la différence !
Serrant les dents, le garçon avait pris une posture
maladroite, comme s’il s’apprêtait à lancer un poids, et tiré. Le
ballon avait atteint le panier…
—
J’ai reçu un message qui me parlait d’un jeu du roi,
alors que je dormais tranquillement, dit Nobuaki en posant
sur son bureau le sac qu’il portait en bandoulière.
Ce dernier était assez usé, sa mère le lui ayant offert pour
fêter son entrée au collège.