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branches des frondaisons, qu’elle cassa comme autant d’allumettes.
Deux bras de cuivre articulés se dessinaient de chaque côté de son
large tronc, leurs longs doigts déployés, prêts à saisir leur proie.
Le regard de Charlotte fouilla aussitôt les profondeurs de la cage
thoracique creuse du mastodonte, fermée par d’épais barreau.
Vide. Pas de prisonnier.
—Qui a lancé un Cueilleur à tes trousses ?
—C’est donc comme ça qu’on les appelle ? demanda-t-il d’une
voix tremblante.
Elle cracha aux pieds du garçon.
—Non, mais je rêve ! Même pas fichu de reconnaître un Pot
de rouille ? Tout le monde sait que ces monstres font le sale boulot
de l’Empire !
Un grincement de métal mal huilé fit retomber la colère de la
jeune fille aussi vite qu’elle était venue. Une corne de brume poussa
sa complainte. Une autre lui répondit au loin…mais toujours trop
près au goût de Charlotte.
Pas une minute à perdre. Il fallait agir tout de suite sans se
poser de questions, ou ils étaient fichus. Elle libéra son prisonnier
et lui tendit le bras pour l’aider à se relever. Leur seul avantage sur
les Pots de rouille : les colosses de fonte ne manœuvraient qu’à
petite vitesse en milieu forestier.
— Filons d’ici. Vite !
Le garçon lui empoigna la main sans la moindre hésitation
– non sans jeter, malgré tout, un coup d’œil terrifié à leur
poursuivant qui se rapprochait. Un immense chêne les cachait
en partie à sa vue, mais le Cueilleur se trouvait désormais si près
que Charlotte pouvait en voir le pilote, installé à l’intérieur de
l’énorme crâne d’acier, actionner le levier de vitesse de la machine.
L’homme tira vers lui un casque équipé de lunettes télescopiques
avant de faire pivoter la tête du Pot de rouille de droite à gauche.
La jeune fille hésita une seconde de trop : trop tard ! Il
l’avait vue.
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