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arrivants un regard pénétrant. Il glissa les doigts à travers le grillage
de la cabine, dont il accompagna lentement la remontée.
— Eh bien… En voilà une belle prise, moussaillons !
— La ferme, Jack, rétorqua Charlotte.
Le sourire narquois du jeune homme s’élargit. Il secoua d’un
air désabusé ses mèches blond foncé avant d’ouvrir le portail.
—Une sirène et un… un quoi, d’ailleurs ?
Sa mine s’assombrissait de seconde en seconde, à mesure qu’il
examinait l’inconnu aux yeux bandés.
Bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement !
se morigéna
Charlotte, qui n’en menait pas large, toujours confinée dans
la cage. Tous se tournèrent alors vers le possesseur des bottes
cirées.
Celles-ci disparaissaient sous un pantalon militaire noir,
serré aux mollets par des boutons de cuivre et plus large à la
taille. Au-dessus, une chemise blanche à col officier et un gilet
bourgogne avec cravate assortie. Une canne d’ébène ornée d’un
globe cuivré martelait le sol avec irritation.
Ashley, le frère de Charlotte, ne portait pas son habituel
pardessus noir, ce qui n’ôtait cependant rien à son air d’autorité.
— Pip nous a prévenus que tu revenais accompagnée, jeta-t-il.
La nouvelle venue lança un regard déçu à l’adolescente postée à
la timonerie, à moitié dissimulée par les nombreux leviers, poulies
et manivelles qui servaient entre autres à manipuler la nacelle. Pip
esquissa un petit geste d’excuse avant de se recroqueviller derrière
ses instruments.
Charlotte se redressa de toute sa hauteur, planta son regard
dans celui d’Ashley, empoigna son protégé par la main et entreprit
de débarquer.
— Les Pots de rouille étaient à ses trousses : j’étais bien obligée
de l’aider !
—Hmm… Tu n’aurais manqué cette occasion pour rien au
monde, tu veux dire !