Page 12 - Gardiens des Cités Perdues

12
question rituelle, prononcée par une voix caverneuse noyée de
crépitements.
—Mot de passe ?
— Iphigénie, répondit la jeune fille, un petit sourire amusé
aux lèvres.
Sacré Birch, et son amour des mythes anciens !
Son compagnon, quant à lui, fit un bond de surprise. La
terreur qui colorait ses mots semblait bien réelle :
—Qui est-ce ? Qui va là ?
—Tout va bien, chuchota-t-elle avant de se pencher vers le tube
acoustique. Et veille à envoyer le grand modèle : je ne suis pas seule.
Un long silence s’ensuivit. Le cœur de Charlotte se serra : avait-
elle bien fait d’emmener un intrus dans leur refuge ?
— La nacelle vous attend ! finit par déclarer le cerbère,
soulageant un peu ses craintes.
Le garçon se dévissait toujours le cou, comme si ces manœuvres
pouvaient l’éclairer sur l’origine de la voix en dépit de son bandeau.
Dans sa panique, il lui tournait désormais le dos.
—Que se passe-t-il ? gémit-il, complètement affolé.
Plutôt que de se lancer dans des explications à n’en plus finir,
Charlotte l’attrapa par le poignet et le tira vers les chutes d’eau
toutes proches, dont le rugissement s’élevait dans un grand nuage
de vapeur. Le martèlement des flots sur la pierre enfla à leurs
oreilles et, pour la première fois, le captif résista à son guide.
—Arrête ! Je t’en prie !
Il s’arracha à son étreinte, manquant de la précipiter au sol. Elle
fit volte-face pour lui empoigner de nouveau le bras.
—Du calme ! s’écria-t-elle. Nous approchons d’un passage
étroit et très glissant. Si je tombe, on boira tous les deux la tasse et,
pour ma part, je n’ai pas envie de faire trempette malgré la chaleur,
merci bien !
—C’est une rivière qu’on entend ? Où sommes-nous,
exactement ?