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Loin sous leurs pieds, la surface d’un lac en sous-sol se ridait
sous les assauts du courant de la rivière souterraine à laquelle il
était relié. Le cours d’eau s’insinuait entre terre et roche pour finir
par rejoindre son alter ego à la surface, à près de deux lieues de la
cascade.
Les deux jeunes gens contemplaient ce spectacle depuis un
petit plateau creusé dans la paroi. Une plateforme de pierre lisse,
renforcée par un garde-fou en cuivre aux fixations de fer, où
s’encadrait une porte qui pivotait sur des gonds bien huilés. De
l’autre côté les attendait, comme promis, une nacelle suspendue à
une longue chaîne qui disparaissait dans l’obscurité au-dessus de
leurs têtes, dissimulée aux regards par un autre rebord rocheux.
Plus qu’une corbeille, on eût dit une cage à oiseaux.
Charlotte ouvrit la porte aménagée dans la rambarde, puis
celle de l’engin, poussa son compagnon à l’intérieur, et referma
soigneusement derrière eux les deux battants successifs. Quand
le panier oscilla sous leur poids, le garçon s’agrippa au grillage de
laiton qui les séparait du vide.
—Tu m’as enfermé dans une cage ? demanda-t-il d’une voix
où perçait la panique.
— Silence !
La jeune fille lui étreignit le poignet, autant pour l’empêcher
d’arracher son bandeau que pour tenter de le rassurer.
— Je suis à l’intérieur, moi aussi. Ce n’est pas une cage, mais
un ascenseur.
De sa main libre, elle abaissa une poignée de bois qui pendait
d’une chaîne cuivrée attachée au plafond de la nacelle. Au loin
résonna une cloche. Porté par l’écho qui se répercutait sur les
parois de la caverne, son subtil carillon se mêla quelques instants
au rugissement de la cascade.
Charlotte coupa court aux questions imminentes du garçon.
Loin désormais de la forêt et de leurs poursuivants, elle se sentait
gagnée par la fatigue, et surtout anxieuse de découvrir ce qui