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Birch fit la grimace.
— File vite te coucher, je n’ose pas imaginer la scène !
—Ne t’inquiète pas, je maîtrise toujours parfaitement mon
arme, le rassura-t-elle avec un sourire chaleureux avant de fusiller
son frère du regard. Mais ma fatigue ce soir est bien réelle.
Ashley, qui s’était levé pour aller se resservir une rasade de
cidre, capitula devant sa véhémence :
— Va donc te reposer, soupira-t-il. Tu n’as que faire de mon
opinion, de toute manière.
Son air las éveilla la culpabilité de sa cadette.
— Je ne voulais pas te causer du souci, Ash.
— Je le sais bien. Va dormir, Charlotte. (Il esquissa un maigre
sourire avant de lever sa chope en direction de son camarade.)
Encore un peu de cidre ?
Birch déclina cette offre et ajusta ses lunettes sur son front.
—J’ai encore de longues heures de travail devant moi à l’atelier.
Je veux que les réglages du
Poisson-Lune
soient parfaits pour votre
expédition de demain, je ne voudrais pas que le submersible vous
fasse faux bond.
Ash s’étouffa sur sa gorgée de breuvage.
—Ce serait fâcheux, en effet…
Riant sous cape, Charlotte se glissa hors du réfectoire. Elle
suivit un couloir latéral qui descendait en pente douce vers sa
chambre. L’entrée en était marquée par une porte de bois ronde
montée sur un cadre d’acier adapté à l’ouverture étroite de la grotte.
Une fois à l’intérieur, elle ôta son manteau, qu’elle jeta sur le lit, se
délectant de la caresse de l’air frais sur ses bras nus. Même s’il avait
fallu composer avec la forme et l’agencement naturels des cavernes,
les Catacombes avaient eu tout le temps d’être confortablement
aménagées depuis trente ans que les rebelles menaient la lutte.
Charlotte aimait par-dessus tout l’entrelacs de tuyaux qui
acheminait l’eau dans les chambres : ils serpentaient à travers
la paroi minérale pour se terminer au-dessus de petites vasques
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